Je parlais de grand format et de chambre photo dans mes deux derniers articles. Une fois qu’on a fait le tour du matériel on peut passer à la pratique, mais comment se passe une prise de vue à la chambre grand-format ? Quelle est la marche à suivre pour faire une photographie ?

Mode d’emploi

Voici quelques points à ne pas oublier pour faire une photo en argentique grand format.

Avant de sortir

Oui, il y a déjà du boulot avant de partir pour faire des photos. Il faut préparer votre matériel et ce qui change du numérique ou de l’argentique en moyen et petit format c’est le film. Comme on expose des plans-film il faut d’abord charger les portes-films. C’est-à-dire, dans l’obscurité totale, mettre deux films non-exposés dans chaque porte-film (un sur chaque face).

Sur le terrain

Une fois qu’on a trouvé un sujet coopératif – entendez par là, qui ne bougera pas dans les 10 prochaines minutes – on peut se lancer dans une photo. Voilà une petite liste de ce que je fais à ce moment là:

  • Sortir le trépied, fixer la chambre dessus et la déplier
  • Choisir un objectif, le fixer sur la chambre
  • Ouvrir le diaphragme au maximum et bloquer l’obturateur en position ouverte
  • Déplier le drap noir pour composer la photo sur le dépoli
  • Faire la mise au point, faire basculer, monter, pivoter le corps avant si nécessaire puis adapter la mise au point
  • Positionner le(s) filtre(s) si nécessaire
  • Mesurer la lumière à l’aide d’une cellule (posemètre, spotmètre, luxmètre)
  • Choisir un couple vitesse/ouverture et régler le diaphragme et la vitesse
  • Fermer l’obturateur et remonter le ressort
  • Placer le porte-film à la place du dépoli
  • Ouvrir le porte-film en retirant le cache noir (dark slide)
  • Déclencher … enfin !
  • Refermer le porte-film et replaçant le cache noir dans l’autre sens pour distinguer les plans-films exposés des vierges
  • Retirer le porte-film et le ranger On peut encore noter sur un carnet ou une “feuille de triche” les paramètres de la prise de vue. J’en ai fait une version personnalisée qui me permet de noter rapidement toutes les informations et de ne rien oublier à la prise de vue. Je la posterai sur ce blog une autre fois.

Après la photo

De retour chez soi il faut finalement développer le(s) plan(s)-film pour voir apparaître le résultat. Le principe est le même que pour le petit/moyen format. On met le film dans une cuve étanche à la lumière (à nouveau dans le noir total) puis on le fait passer par les 3 bains, développeur, bain d’arrêt et fixateur mais on commencera par un pré-mouillage (de l’eau) qui permet d’enlever une une couche de protection située sur le film. Le développement terminé vous pouvez admirer votre chef d’oeuvre.

Ce qui se passe en réalité

En théorie ça paraît simple mais comme on peut contrôler tous les paramètres de prise de vue on a tendance à oublier un ou plusieurs petits détails. Voici ceux que j’ai expérimenté et l’effet qui en résulte :

  • Rayer le film en l’insérant ou en le sortant du porte-film ou mettre ses doigts sales dessus pendant l’opération
    • De grosses traces sur le négatif
  • Oublier de tenir compte de la non-réciprocité du film pour une pose longue
    • Un négatif très sous-exposé
  • Mettre un coup dans le trépied juste avant de déclencher (peut se faire plusieurs fois de suite)
    • On recommence à partir de la composition de la photo
  • Oublier de fermer l’obturateur avant de retirer le cache noir
    • Négatif noir uniforme (super surexposé)

Évidemment il ne s’agit que de quelques exemples et je suis sûr qu’il m’en arrivera encore plein d’autres mais seuls ceux qui ne font rien ne font pas d’erreur. Et au final on arrive quand-même à faire des photos. L’image que vous voyez ci-dessous est ma première photo en argentique grand format après plusieurs essais ratés en moyen format avec la chambre photo.

Mon premier plan-film